2010, la situation économique du pays.
La construction de l’usine du Nord a stimulé le marché de l’emploi l’an passé. Toutefois, 2010 a été marquée par un léger ralentissement. Pour les experts de l’IDC, l’année qui s’ouvre commence dans le flou.
« Un ralentissement à relativiser »
À la première lecture, les évolutions croisées ne sont pas favorables : alors que la demande d’emploi augmente de + 4,9 % entre 2009 et 2010, le flux d’offres créées a fléchi de 6,4 %. Mais ce « ralentissement » est « à relativiser », selon l’Institut pour le développement des compétences. Les besoins de Vale NC dans le Sud baissent depuis trois ans, toutefois « la construction progressive du chantier de l’usine du Nord impacte directement le marché de l’emploi sur le territoire, et plus particulièrement en province Nord, où on enregistre près d’une offre sur trois, contre une sur six en 2004 », note l’IDC-NC qui pointe un autre paramètre : la campagne auprès des publics employables menée par Cap Emploi au premier semestre 2010 augmente les enregistrements.
En outre, les données de 2009 avaient été dopées par des opérations ponctuelles telles que le recensement de la population et la mise sous pli des programmes électoraux, gonflant les statistiques de 850 postes.
Inégalités
L’évolution des besoins en matière d’emploi, par commune, fait apparaître de fortes disparités au sein de chaque province ou dans des zones spécifiques. « La géographie des nouvelles offres évolue avec l’avancée des projets miniers », relève l’IDC-NC. En 2010, la province Nord rassemble 31,1 % des offres, le Sud 68,6 %, et les Iles 0,3 %.
Les volumes sont en net recul dans le Grand Nouméa : -8,7 %. Cette baisse qualifiée de « significative », peut en partie s’expliquer par le coup de frein observé dans le BTP, lié, selon des professionnels, à l’introduction de la taxe sur les permis de construire ou encore aux restrictions sur le régime de la défiscalisation.
La part des femmes
Tendance longue et forte, la part des femmes est prédominante au sein de la population des demandeurs d’emploi : 59,9 %. Soit étrangement, un ratio identique à celui calculé en 2009.
La moyenne d’âge évaluée à 33 ans est stable : 32 ans pour les dames, 34 ans pour les hommes. Et « sur l’ensemble du territoire, souligne l’Institut, le niveau de formation des demandeurs d’emploi continue de s’élever avec une part de demandeurs de niveau inférieur au CAP-BEP qui passe de 43,1 % en 2009 à 41,6 % en 2010 ». En outre, plus de la moitié des intentions des Calédoniens à la recherche d’un poste « restent focalisés sur les métiers des services (choix des femmes) et du BTP/extraction (choix des hommes) ».
Quatre secteurs porteurs
« La tendance demeure à la concentration de l’offre », précise l’IDC-NC. Quatre secteurs sont pourvoyeurs de 53,1 % des postes offerts : le bâtiment, les travaux publics et l’extraction (16,3 %) ; le transport et la logistique (14,3 %) ; les services à la personne et à la collectivité (14 %) ; enfin, les services administratifs et commerciaux (8,5 %).
Contrats à durée déterminée
La prédominance des contrats à durée déterminée (CDD) persiste, et croît même par rapport à 2009 ; leur part est de 72,9 % en 2010 contre 66,5 % il y a deux ans. Cette augmentation trouve, entre autres, son origine dans les besoins temporaires pour la construction de l’usine du Nord. « La part des contrats à durée indéterminée (CDI) représente environ deux postes sur dix ».
Bilan annuel 2010 à télécharger sur : www.idcnc.nc
Le chiffre
5,8
En province Sud, la part de chômeurs dans la population active est passée de 5,7 % en 2009 à 5,8 % en 2010. Le taux pour l’ensemble de la Nouvelle-Calédonie, qui était de 6,4 % il y a deux ans, est aujourd’hui inconnu pour l’année suivante. Mais l’évolution (+0,1 %) devrait être semblable, la majorité des demandeurs d’emploi étant dans le Grand Nouméa et sa région.
Un problème d’adéquation
« On peut penser qu’il existe une problématique d’adéquation entre les profils et attentes des demandeurs d’emploi, et les compétences et qualités attendues dans les postes proposés » regrette l’IDC-NC dans son rapport annuel. Autrement dit, bien que le niveau de formation des demandeurs s’améliore, il n’est pas forcément aisé pour les services de placement de pourvoir l’offre. D’après Laure Cros, de l’Observatoire de l’emploi, le nombre de placements en 2010 a même diminué à l’échelle de la Nouvelle-Calédonie. Inquiétant. Ainsi, note l’Institut, « les efforts de formation professionnelle poursuivis par le gouvernement et les provinces depuis plusieurs années seraient cruciaux dans ce contexte ».
Questions à…
Laure Cros, responsable des statistiques à l’Observatoire de l’emploi IDC-NC
«2011 va être un peu particulière»
- Les Nouvelles calédoniennes : L’offre d’emploi diminue en 2010 et la demande a tendance à croître. Est-ce inquiétant ?
- Laure Cros : Le phénomène n’est pas inquiétant. La baisse de l’offre est effectivement constatée, mais nous avions une année 2009 particulièrement riche en termes de postes offerts. Un recul était logique en 2010, où nous avons tout de même près de 11 000 postes offerts, ce qui constitue un flux assez important. L’augmentation de la demande est, de son côté, à relativiser. Puisque, notamment, des campagnes de recensement ont été menées par Cap Emploi. Par ailleurs, la hausse dans le Sud est très modérée : +2,3 %. Et +1,2 % dans le Grand Nouméa. Au regard de la croissance de la population en zone urbaine, les données ne sont pas alarmantes.
- L’impact du chantier du Nord n’est-il pas notable ?
Oui, puisqu’une offre sur cinq sur l’ensemble de la Calédonie est à l’intention de Vavouto, en 2010. C’est très important : plus de 2 200 offres sur les 11 000.
- Sur les quatre dernières années, une stagnation, voire une diminution des CDI va de pair avec une augmentation du nombre de CDD. Est-ce un signe de précarité ?
On peut se poser la question, mais cela est lié à l’offre très conjoncturelle issue des projets miniers. Nous savons que dans les effectifs salariés, la part des CDD n’est pas de 70 %. Ce sont plutôt les CDI qui sont à ce niveau-là. Il n’y a pas un problème de précarité de l’emploi en Nouvelle-Calédonie.
- Les hausses programmées du SMG ont-elles touché la création d’emploi ?
Au regard des chiffres de la Cafat sur l’évolution de la population salariée entre fin décembre 2009 et fin septembre 2010, on constate une progression de +2 %. Ce qui est assez conforme avec les données enregistrées lors des deux-trois dernières années. Si nous ne prenons que cet indicateur-là, je n’y vois pas d’impact. Les flux d’embauchesdébauches seraient aussi un excellent indicateur, indicateur que nous n’avons pas pour le moment.
- Comment voyez-vous 2011 ?
2011 va être une année un peu particulière. Car va s’opérer la mise en oeuvre de la loi sur l’emploi local, texte qui va venir renforcer l’obligation — déjà en cours mais qui n’est pas respectée — de déposer toutes les offres aux services de placement. En outre, les personnes postulantes sur les emplois devront être inscrites comme demandeurs. Une hausse, des deux côtés, peut donc être observée. De plus, apparaît l’incertitude « Vavouto ». Car le projet Koniambo va atteindre son apogée en termes de mobilisation au milieu de 2011, avant d’entamer sa période de démobilisation. Bref, les deux événements génèrent des doutes sur l’évolution des flux.
A découvrir aussi
- Le Sénat adopte le statut calédonien
- Jacques Lafleur jette l'éponge
- Deux drapeaux, deux manifestations
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 209 autres membres