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A Maré, l’école panse ses plaies

Publié le jeudi 15 septembre 2011 à 03H00, Les Nouvelles Calédoniennes.

 

Chamboulés par les événements du 6 août, les établissements scolaires de Maré font les comptes depuis la rentrée pour savoir s’ils ont retrouvé tous leurs élèves. Le retour à l’école est un élément indispensable à l’équilibre, encore fragile, de la vie quotidienne.
 

A Maré, la rentrée scolaire se fait dans un climat particulier. Cinq semaines après les événements meurtriers qui ont secoué l’île le week-end du 6 août, le quotidien retrouve tout juste une fragile normalité. Postés à l’entrée de leurs établissements lundi, les principaux n’étaient pas assurés de voir l’ensemble de leurs troupes revenir, notamment au collège et à l’antenne du lycée professionnel (ALP) de La Roche, ainsi qu’au collège privé de Taremen.
« Les vacances, ça a fait du bien à tout le monde, relève
Serge Desmet, responsable du collège de Taremen, à Tuho. Situé à la « frontière » des districts de La Roche et de Guahma et accueillant des adolescents de toute l’île, le collège a, à la fois, été dégradé lors d’un mariage le vendredi 5 août - « 46 vitres cassées, presque 100 millions de francs de réparations » -, puis déserté par les élèves après les affrontements du samedi.

Absentéisme. « Sur nos 186 élèves, on en perd finalement 8 pour ce dernier trimestre, recense Serge Desmet, à son bureau, mardi. Je pense qu’on les récupérera à la prochaine rentrée et, pour certains, peut-être même avant. » Quand les cours avaient pu reprendre à Taremen le 22 août, 42 élèves manquaient à l’appel.
Lundi matin, rebelote avec 32 absents le matin, puis « seulement » 24 l’après-midi, puis 8 mardi. « Tout doucement, tout rentre dans l’ordre. C’est un soulagement. On pensait en perdre beaucoup plus », avoue Serge Desmet. Avant les vacances, les parents de 18 collégiens de Taremen avaient demandé à rapatrier en urgence leurs enfants vers le collège de La Roche. La plupart d’entre eux ont repris le chemin de Tuho.
Neutre. Pour le responsable de Taremen, la priorité est que « l’école reprenne son droit : c’est un lieu d’apprentissage, un lieu neutre, un lieu de rassemblement où les enfants peuvent grandir ensemble, apprendre ensemble. » Chez son homologue du collège public de La Roche (quelque 200 élèves), l’objectif est le même. « Là, on va essayer de repasser aux choses normales avec des classes complètes, faire passer les devoirs et préparer aux examens », réagit Jacques Thebault. Fraîchement installé à ce poste, il explique, comment depuis son arrivée, « l’essentiel, c’était de remettre tout le monde au travail ». Les élèves comme les professeurs de l’établissement de La Roche ont été traumatisés par ce qui s’est passé à côté de leur porte.

Rattraper. « Au collège, on avait récupéré quasiment tous les élèves avant les vacances, explique Jacques Thebault. Par contre, à l’ALP, qui draine des élèves de toute l’île, il y avait beaucoup d’absents. » Lundi, une vingtaine de lycéens y ont fait leur rentrée, soit à peine la moitié des effectifs. Chaque nouveau jour qui passe devrait stabiliser un peu plus la situation.
Et les responsables de chaque établissement du secondaire convergent vers un seul but : que leurs élèves terminent l’année dans de bonnes conditions, que leurs classes de troisième soient en capacité de passer les examens et de choisir sereinement leur orientation post-collège.
Pour cela, il va falloir mettre les bouchées doubles pour rattraper le retard des nombreux jours d’enseignement perdus. Cela vaut aussi au collège de Tadine (un peu plus de 200 élèves), plus éloigné du lieu des affrontements, mais qui a fait face à l’absentéisme de certains élèves.
« La rentrée s’est faite normalement, rassure la principale Carole Pastorelli. Tout le monde, professeurs et collégiens, était là. » Et dans une île qui panse ses blessures, la reprise du chemin de l’école ne peut être que bénéfique.

 

Repères

Les écoles aussi perturbées
Si le secondaire a été largement affecté par les événements, les écoles primaires et maternelles ont aussi perdu nombre d’élèves dans les jours suivant le 6 août. Les effectifs de rentrée ne sont pas partout au complet. L’école catholique de La Roche qui compte 160 élèves, affichait 30 élèves manquant à la rentrée en maternelle et 30 autres absents en primaire. En temps normal, elle accueille une quinzaine d’enfants du district du Guahma, selon le directeur de la Ddec. Un problème de ramassage scolaire est aussi en cause dans cet absentéisme à la rentrée, le transporteur craindrait de desservir La Roche. Dans les dix-huit autres écoles publiques « ça a l’air de repartir, si ce n’est ce [même] problème de ramassage », indique Alain Siwoile, chef du secteur scolaire à l’antenne provinciale. « Et nous avons toujours des instituteurs qui ont peur de circuler, précise-t-il. On a au moins quatre absents à la rentrée. »

Des rencontres UNSS annulées
Autre conséquence indirecte, les rencontres UNSS (Union nationale du sport scolaire) de football, de handball et de volley-ball sont annulées, dans les collèges. Cette décision a été prise par précaution afin qu’il n’y ait aucun dérapage dans le cadre de l’école, à l’occasion d’une rencontre sportive entre élèves de différents districts de Maré.


Bérengère Nauleau



15/09/2011
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