Colloque sur le mal-être de la jeunesse kanak (LNC 16/04/09)
Le Sénat coutumier organise, demain au centre culturel Tjibaou, un colloque de restitution de ses travaux sur « la
place du jeune kanak dans la société contemporaine et les moyens de
lutter contre la marginalisation d’une partie de la jeunesse ». Le rapport définitif sera communiqué à l’État et aux collectivités avant les élections.
(Henri Lepot - Les Nouvelles Calédoniennes)
Dans le Grand Nouméa comme en Brousse, la frange de la jeunesse la plus touchée par la délinquance, la violence, l’alcool, le cannabis et les comportements à risque est essentiellement kanak. Mais attention à ne pas caricaturer, « tous les jeunes kanak ne sont pas délinquants », prévient Julien Boanemoi, vice-président du Sénat. « La situation n’est pas catastrophique, mais peut le devenir si on laisse filer », ajoute cependant Roch Wamytan, rapporteur spécial auprès du Sénat.
Quelle part de la société, cette jeunesse en dérive ? Il n’y a pas de chiffres pour quantifier le nombre de ceux qui basculent dans la déviance, mais c’est toute la société mélanésienne qui est traversée par un mal-être, estime le Sénat coutumier après avoir entendu les autorités coutumières, les acteurs sociaux chargés de la jeunesse et les jeunes eux-mêmes. 320 d’entre eux, de 16 à 25 ans, ont été interrogés avec le concours de sociologues, soit en face-à-face, soit en groupe.
Sur cette base d’étude, le Sénat a identifié trois causes essentielles.
La première est historique, et tient à la déstabilisation de la cohésion interne de la société kanak par la colonisation, puis par l’exercice du pouvoir par les kanak eux-mêmes, explique Roch Wamytan. « Nous sommes redevenus acteurs de notre propre développement, dit-il. Mais nous avons du mal à maîtriser la reconstruction de la société mélanésienne, du fait de facteurs extérieurs qu’on ne contrôle pas. »
« Nous avons du mal à maîtriser la reconstruction de la société mélanésienne »
La seconde est socio-économique. Les migrations vers Nouméa et la transformation des kanak paysans en kanak urbains ont déstabilisé les familles, distendu les liens de solidarité. S’y ajoute, selon Roch Wamytan, le « copié collé » d’un système éducatif occidental qui ne correspond pas à la société traditionnelle.
La troisième enfin est politique, et le Sénat n’entend pas occulter cette dimension tant l’absence de perspectives politiques, le manque de projections vis-à-vis de l’avenir, le défaut de modèles référents, conduisent à leurs yeux les jeunes vers la démotivation.
Trois explications aux dérives de la jeunesse, et surtout une série de propositions, dans la foulée du diagnostic. Comme les causes, les réponses possibles seront exposées demain aux quelque 200 personnes invitées au colloque. Il s’agira d’en débattre et de les valider, de proposer des mesures aux décideurs.
« On arrive à la dernière phase de la réflexion », a souligné hier Roch Wamytan. Enrichi du travail de demain, le rapport final du Sénat coutumier sera transmis à l’État et aux collectivités calédoniennes avant les élections provinciales.
(Henri Lepot - Les Nouvelles Calédoniennes)
Dans le Grand Nouméa comme en Brousse, la frange de la jeunesse la plus touchée par la délinquance, la violence, l’alcool, le cannabis et les comportements à risque est essentiellement kanak. Mais attention à ne pas caricaturer, « tous les jeunes kanak ne sont pas délinquants », prévient Julien Boanemoi, vice-président du Sénat. « La situation n’est pas catastrophique, mais peut le devenir si on laisse filer », ajoute cependant Roch Wamytan, rapporteur spécial auprès du Sénat.
Quelle part de la société, cette jeunesse en dérive ? Il n’y a pas de chiffres pour quantifier le nombre de ceux qui basculent dans la déviance, mais c’est toute la société mélanésienne qui est traversée par un mal-être, estime le Sénat coutumier après avoir entendu les autorités coutumières, les acteurs sociaux chargés de la jeunesse et les jeunes eux-mêmes. 320 d’entre eux, de 16 à 25 ans, ont été interrogés avec le concours de sociologues, soit en face-à-face, soit en groupe.
Sur cette base d’étude, le Sénat a identifié trois causes essentielles.
La première est historique, et tient à la déstabilisation de la cohésion interne de la société kanak par la colonisation, puis par l’exercice du pouvoir par les kanak eux-mêmes, explique Roch Wamytan. « Nous sommes redevenus acteurs de notre propre développement, dit-il. Mais nous avons du mal à maîtriser la reconstruction de la société mélanésienne, du fait de facteurs extérieurs qu’on ne contrôle pas. »
« Nous avons du mal à maîtriser la reconstruction de la société mélanésienne »
La seconde est socio-économique. Les migrations vers Nouméa et la transformation des kanak paysans en kanak urbains ont déstabilisé les familles, distendu les liens de solidarité. S’y ajoute, selon Roch Wamytan, le « copié collé » d’un système éducatif occidental qui ne correspond pas à la société traditionnelle.
La troisième enfin est politique, et le Sénat n’entend pas occulter cette dimension tant l’absence de perspectives politiques, le manque de projections vis-à-vis de l’avenir, le défaut de modèles référents, conduisent à leurs yeux les jeunes vers la démotivation.
Trois explications aux dérives de la jeunesse, et surtout une série de propositions, dans la foulée du diagnostic. Comme les causes, les réponses possibles seront exposées demain aux quelque 200 personnes invitées au colloque. Il s’agira d’en débattre et de les valider, de proposer des mesures aux décideurs.
« On arrive à la dernière phase de la réflexion », a souligné hier Roch Wamytan. Enrichi du travail de demain, le rapport final du Sénat coutumier sera transmis à l’État et aux collectivités calédoniennes avant les élections provinciales.
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