Danse avec la foi
Les Nouvelles Calédoniennes. Publié le mercredi 28 novembre 2012 à 03H00
Figure du mouvement local de « la krump », style de danse apparu il y a une dizaine d’années aux USA, Kevin Tessier mêle, avec son crew de Yahoué, pratique artistique et exercice de la religion. Le jeune homme prévoit l’organisation de plusieurs événements en 2013.
Kevin Tessier est président de l’association All Star Kingdom, qui regroupe les pratiquants de la krump sur Yahoué.
Photo AW
Samedi, pour la première fois, le conseil de quartier de Yahoué organisait une fête au parc Diard. Cet événement a réuni des enfants et leurs parents, des vieux mais aussi des jeunes, qui ont profité de l’occasion pour proposer un battle de danse. « Des danseurs sont venus de Magenta, de Robinson, de Ducos, du 6e km », raconte Kevin Tessier, 24 ans, président de l’association All Star Kingdom et organisateur de la manifestation. Ce battle était d’un genre un peu particulier : il ne s’agissait pas de breakdance, mouvement le plus représenté sur le Caillou, mais de krump, une pratique artistique plus récente et moins connue.
Rize.
« Krump » signifie Kingdom radically uplifted mighty praise, ce qui pourrait se traduire par « éloge puissant d’un royaume radicalement levé ». C’est un style de danse qui est apparu au début des années 2000 aux USA. En Nouvelle-Calédonie, la krump fait une entrée fracassante sur la scène en 2007 avec la diffusion du documentaire Rize, réalisation très graphique et esthétique sur les origines du mouvement.
Deux ans après, en 2009, la projection du film Stomp the Yard relance l’engouement pour la krump et les styles de danse qui lui sont associés, comme le stepping. A Yahoué, ce film fait l’effet d’une bombe : « C’est à ce moment-là que je me suis mis à la danse, se rappelle Kevin Tessier. Grâce au film, au début, on copiait les mouvements bêtement. Puis on s’est lancé avec la bande. »
Vu d’un œil extérieur, la krump peut paraître assez violente, avec ses mouvements saccadés, brutaux, et les grimaces des danseurs. Mais l’esprit de cette pratique est pourtant à l’opposé. « Ce qui me plaît, c’est l’énergie des mouvements, et la dimension religieuse, vu que je suis chrétien pratiquant », explique Kevin. Selon les fondateurs de la krump, cette danse est une forme de louange.
Etudiant en licence d’économie à Nouville, Kevin s’entraîne « quatre à cinq soirs par semaine, pendant deux heures ». « Les qualités nécessaires sont l’endurance et l’imagination. Il y a des bases, après c’est à nous d’inventer notre personnage. Dans le hip-hop, les mouvements existent déjà, il n’y a qu’à les apprendre. »
Le week-end, il fait une pause, et va à l’église, à Normandie. La krump n’y est pas forcément vue d’un mauvais œil. « Le pasteur sait que notre église doit s’adapter, assure Kevin. Et attirer un jeune par la danse peut être une chose bien. »
Comme les autres jeunes de son âge, Kevin joue un peu au foot et à la Playstation. Mais ce sont bien la danse et l’implication dans sa pratique religieuse qui l’accaparent.
Le jeune homme reconnaît que l’université lui « plaît de moins en moins ». « J’ai perdu trop de temps, en privilégiant la danse. »
Association.
Afin de fédérer les pratiquants et d’organiser des événements, Kevin Tessier a fondé en 2009 l’association All Star Kingdom. L’effet de mode s’est un peu tassé, et la krump ne compte que quelques dizaines de pratiquants. Kevin organise une manifestation par an depuis la création de l’association. Cette année, après la fête du conseil de quartier, All star kingdom devrait participer au festival culturel du Mont-Dore du 5 au 9 décembre. Et les choses devraient s’accélérer en 2013 puisque trois événements sont prévus.
Contact : AllStarsKingdom@hotmail.com
Alexandre Wibart
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