Il faut s’assurer du lien entre formations techniques et emploi»
Les filières techniques ont trouvé leur place dans le système éducatif. Mais sont-elles en adéquation avec les besoins économiques du pays ? Et correspondent-elles aux attentes des étudiants ? Eléments de réponses avec Michel Martz.
- Les Nouvelles calédoniennes : Comment les formations professionnelles et technologiques sont-elles mises en place ?
Michel Martz : Au cours de l’année N, les chefs d’établissement font des propositions avec leurs équipes, en liaison avec les demandes qu’ils recueillent auprès des entreprises. Ces propositions sont examinées par les corps d’inspection. Celles qui sont retenues sont ensuite soumises au cours de l’année N + 1 au comité technique paritaire (groupe de travail interne à l’éducation qui regroupe les représentants des diverses catégories de personnels), et puis au Conseil consultatif de l’éducation qui regroupe l’ensemble des partenaires concernés (vice-rectorat, enseignement privé, associations de parents, représentants des provinces et du gouvernement) ainsi que des représentants des milieux professionnels et de la formation. C’est à la suite de ces multiples consultations que le vice-recteur arrête les formations qui seront mises en oeuvre lors de la rentrée suivante (N + 2).
« La demande sociale d’éducation croît, et ce de façon assez rapide. »
- On peut donc avancer que ces formations correspondent à la réalité économique du pays …
Ce long processus de concertation a effectivement pour objet de faire correspondre l’offre de formation aux besoins économiques. Bien sûr ce travail nécessite de la prospective et il est assez délicat d’obtenir des projections des chefs d’entreprise, hormis dans les grandes entreprises, en raison de la relative étroitesse du marché. Les besoins économiques du pays sont en perpétuelle évolution. Il faut s’assurer que les liens fonctionnent entre les formations et l’emploi, les demandeurs d’emploi étant rarement qualifiés ou faiblement.
- Ces formations sont-elles adaptées aux besoins sociaux ?
Les formations mises en place ont un coût, donc il faut être attentif à viser juste : impossible par exemple de répondre à toutes les demandes de jeunes garçons qui voudraient être pilotes de ligne, ou à toutes les demandes de jeunes filles qui veulent être infirmières. Aujourd’hui, ce que l’on peut observer, c’est que la demande sociale d’éducation croît, et ce de façon assez rapide. C’est à cette demande d’éducation qu’il faut tenter de répondre d’autant que cela répond aussi aux besoins économiques. C’est la raison pour laquelle il convient par exemple de soutenir et de suivre l’engouement des jeunes pour les formations supérieures de type BTS, mais il faut en même temps être attentif à ne pas mettre sur le marché de l’emploi un nombre trop élevé de techniciens supérieurs qui le satureraient trop vite dans certains secteurs. D’ailleurs l’augmentation assez soutenue des qualifications chez les jeunes Calédoniens (actuellement la moitié d’entre eux sont bacheliers) va créer, dans le futur, des tensions sur le marché du travail que le pays ne connaît pas encore et auxquelles il va falloir se préparer.
Propos recueillis par Patricia Calonne
Technique, technologique ou professionnel ?
Le technique représente le technologique + le professionnel. Le professionnel délivre des diplômes (CAP, BEP, Bac Pro, BTS) dont le but est l’insertion dans le monde économique. Le technologique constitue en quelque sorte une propédeutique (enseignement préparatoire à un enseignement plus approfondi) au professionnel.
Un choix assumé
Mélanie aura 22 ans cette année. Depuis mars de l’année dernière, elle accueille les patients du cabinet de radiologie de la clinique Magnin. Un travail qu’elle adore surtout pour le contact avec les gens. « Je suis très sociable et j’aime rencontrer des gens, les aider. » Des qualités qui l’ont poussée très tôt à choisir la voie technologique. « À la fin de la troisième, on nous demande de faire un choix. Je voulais travailler dans l’aide au logement. J’ai donc choisi de faire un bac SMS (Sciences médico-sociales) au lycée du Grand Nouméa. » Durant sa scolarité, la jeune fille a l’occasion de faire des stages, dont un à la Croix-Rouge, qui la passionne. « Ça m’a permis de bien me concentrer sur cette filière. »
« Ça me correspond »
Elle enchaîne avec un BTS ESF (Économie sociale et familiale) qu’elle passe en 2009, de plus en plus sûre d’avoir fait le bon choix d’études. « C’est dans mon tempérament, insiste Mélanie. On m’a toujours éduquée à aider les gens, à être là pour eux. » En février de l’année suivante, elle dépose des CV. Au départ, Mélanie cible tout ce qui touche au logement mais « ils ne cherchaient personne. Je voulais continuer dans le social et le médical. J’en ai donc déposé dans les cliniques. » En mars, elle est contactée par la clinique Magnin où elle est embauchée en CDD au secrétariat de radiologie. Accueil des patients, prises de rendez-vous. « Il faut qu’on soit très présents pour les patients. Ça me plaît, je suis contente de venir au travail, l’équipe est sympa. Et j’aime particulièrement le contact avec les gens. Ça me correspond tout à fait. »
Lorsqu’elle était encore en seconde, son professeur principal lui avait conseillé d’aller en S parce qu’elle était excellente en maths. « Mais j’aimais ce que je faisais. Et tout ce qui est filières technologiques, il ne faut pas croire que c’est facile. Il y a beaucoup de travail et le niveau est élevé. J’ai bien fait de rester dans mon cursus. C’est ce que j’aime. »
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