Le chantier du siècle
Il y a une ville qui pousse aux portes de la capitale. Les ZAC de Dumbéa-sur-mer et Panda sont bel et bien entrées en phase de réalisation. Un chantier énorme, le plus gros de France en termes d’aménagement urbain. Sans même compter le Médipôle, c’est parti pour dix ans et 50 milliards de travaux de viabilisation.
Des centaines d’hommes, des norias de camions, des dizaines d’engins de terrassement qui remuent la terre et sculptent les collines, déjà des grues et même des bâtiments couverts qui accueilleront dès cette année leurs premiers locataires… C’est énorme, ce qui prend naissance à Dumbéa, de part et d’autre de la Savexpress, sur les quelques kilomètres qui séparent le péage de la rivière.
6 350 logements, 400 lots industriels, artisanaux et commerciaux, un hypermarché, six écoles, deux stations d’épuration, une annexe de mairie, une maison de quartier, une maison des associations, une salle omnisports, un collège… Tout cela sur 500 hectares aménagés, desservis par 47 kilomètres de routes et de rues et plus de 200 kilomètres de canalisations.
Le chantier des zones d’aménagement concerté (ZAC) Dumbéa-sur-mer et Panda, piloté par la Secal, est gigantesque et complexe puisque, tranche après tranche, il faudra mener de front la viabilisation et la construction. C’est déjà le cas : la Sic et la Sem d’agglo bâtissent leurs immeubles au long de rues dont les trottoirs et le revêtement sont à peine esquissés.
Tout, évidemment, ne viendra pas en même temps. Le chantier Panda va durer jusqu’en 2017 pour Panda, et jusqu’en 2021 pour Dumbéa-sur-mer.
Au-delà des chiffres, l’ampleur du programme se mesure sur trois axes. D’abord celui de la mixité. Sur les 6 000 logements de Dumbéa-sur-mer, 3 000 seront « sociaux », soit en locatif, soit en accession à la propriété, et les 3 000 autres seront commercialisés au marché libre. Soit 50 % de « social », alors que la proportion obligatoire en Métropole, et rarement respectée, est de 20 %. En matière sociale, avec l’initiative politique forte ces dernières années, la Calédonie se distingue. Sous la pression des bailleurs sociaux, notamment de la Sic et de la Sem d’agglo, en quête de terrains à bâtir, ce sont les lots destinés au logement social qui ont été livrés les premiers. Les stocks 2010 et 2011 sont déjà épuisés. Du coup, la Secal met aujourd’hui l’accent sur la commercialisation des terrains privés. Il faut en effet rentrer de l’argent.
6 350 logements, 400 lots industriels et commerciaux, un hypermarché, six écoles, un collège…
C’est l’autre axe majeur : cette ville nouvelle doit s’autofinancer et ne coûtera rien ou presque à la collectivité en termes d’aménagements publics. La viabilisation de Panda coûtera 18,5 milliards ; celle de Dumbéa-sur-mer 37,5 milliards. Soit 56 milliards, compensés par les ventes des lots viabilisés aux opérateurs sociaux ou aux particuliers. Il est vrai que tous les terrains destinés au privé ne sont pas donnés : 12 à 15 millions pour six à sept ares, mais en hauteur, adossés à la forêt et avec vue sur mer. Il y a moins cher, plus cher aussi. Mais c’est cela qui permettra à la Secal de financer les équipements publics qui font partie du programme, notamment les six écoles et les bâtiments communaux. Cela aussi permettra, en vitesse de croisière, si les ventes suivent leur cours pour compenser les dépenses, de distribuer environ 5 milliards par an de travaux de viabilisation, pendant une dizaine d’années.
Enfin, la Secal insiste sur la troisième dimension de son projet, celle qui touche à la qualité de l’habitat et de l’environnement. À elles deux, Panda et Dumbéa-sur-mer accueilleront au moins 34 hectares d’espaces verts aménagés, sans compter la revégétalisation en forêt sèche de la plus grande partie du Pic aux morts. Les plants sont déjà en pépinière.
Tous les logements et tous les lots industriels seront raccordés à deux stations d’épuration, et le milieu marin fera l’objet d’un suivi pluriannuel pour mesurer l’impact de la ville nouvelle sur le milieu.
Cette « vigilance écologique », qui s’exerce dès le stade du chantier par l’installation de bassins de décantation des eaux de ruissellement, est au demeurant obligatoire depuis l’entrée en vigueur du nouveau code de l’environnement de la province Sud. « Il est exigeant, et nous nous y conformons », affirme la Secal.
Henri Lepot , LNC 02 juillet 2009
Le péage déplacé et trois échangeurs
Les six mille logements de Dumbéa-sur-mer représentent 20 à 25 000 habitants ayant besoin de se déplacer, sans compter le trafic industriel, artisanal et commercial engendré par la zone d’activité Panda. Pouvait-on raisonnablement tenir ce petit monde prisonnier d’une route payante ? Évidemment non. Le péage va donc déménager au pont de la Dumbéa. C’était acquis dans le projet recalé de la Savexpress, au début de l’année, et c’est à nouveau prévu dans le projet de Route Express Sud dont les appels à candidatures ont été relancés. À la louche, le déménagement du péage pourrait intervenir en 2011.
C’est donc sur une voie gratuite que les habitants de Dumbéa-sur-mer, Panda, mais aussi Brigitte (lotissement FSH) et même Koutio pourront s’engager via trois nouveaux échangeurs. Les travaux des deux premiers commenceront en juillet.
Centre commercial et Médipôle
Ils concerneront les accès de Panda, un peu avant le pont de la Dumbéa, et ceux de « La Vallée », au droit de la pointe à la Dorade. Le troisième échangeur, situé entre La Vallée et l’actuel péage, desservira plus particulièrement le centre commercial et le Médipôle, et sa réalisation, non encore programmée dans le temps, est subordonnée à l’avancée du projet hospitalier.
Enfin, à l’intérieur même de la ZAC, la voie de desserte principale (de l’actuel échangeur de Koutio à Panda, via une traversée souterraine de la Savexpress) sera une deux fois deux voies avec piste cyclable. Cette inhabituelle largeur s’explique par le fait que deux des voies automobiles ont été prévues pour un éventuel transport en commun en site propre.
En attendant, l’ancienne route provisoire desservant la pointe à la Dorade a été condamnée pour y permettre les travaux. Et ce sont les riverains de la rue Becquerel, à Koutio, qui subissent la totalité du trafic, y compris des camions qui bravent les interdits… La Secal a toutefois promis, pour y fluidifier le trafic aux heures de pointe, un aménagement du rond-point de la piscine.
Pas encore l’hôpital
Contrairement à ce que l’on pense souvent, le vaste chantier de Dumbéa ne concerne pas encore le Médipôle, dont le dossier n’est financièrement pas bouclé. Le nouveau gouvernement doit en effet prendre en compte un surcoût d’une dizaine de milliards qui viennent s’ajouter à un projet initial d’environ 37 milliards. Cette envolée est due pour partie à l’évolution du projet dans sa mise en forme technique, et à l’augmentation conjoncturelle des prix des matières premières. Elle est d’ailleurs en train de se réorienter à la baisse : en quelques mois, le surcoût s’est déjà réduit de deux milliards…
Dans ces conditions, le choix consiste à adapter le projet aux financements disponibles, donc à le réduire, ou bien à augmenter les financements pour les adapter à l’état actuel du projet, en identifiant de nouvelles sources financières, via l’emprunt ou une éventuelle augmentation de la taxe sur les tabacs et l alcool. C’est vers cette seconde solution que penche Philippe Dunoyer, en charge de la santé au gouvernement. Sur le dossier, il a déjà consulté la direction du CHT, les maîtres d’œuvre (Secal et Icad) et les praticiens hospitaliers. Il a présenté le dossier aux autres membres du gouvernement, en fera autant à la commission de la santé du Congrès, et doit voir cette semaine les syndicats des personnels.
Philippe Dunoyer espère aboutir dans les semaines à venir, et signer en août l’avant-projet définitif qui lancera la machine.
Des centaines d’hommes, des norias de camions, des dizaines d’engins de terrassement qui remuent la terre et sculptent les collines, déjà des grues et même des bâtiments couverts qui accueilleront dès cette année leurs premiers locataires… C’est énorme, ce qui prend naissance à Dumbéa, de part et d’autre de la Savexpress, sur les quelques kilomètres qui séparent le péage de la rivière.
6 350 logements, 400 lots industriels, artisanaux et commerciaux, un hypermarché, six écoles, deux stations d’épuration, une annexe de mairie, une maison de quartier, une maison des associations, une salle omnisports, un collège… Tout cela sur 500 hectares aménagés, desservis par 47 kilomètres de routes et de rues et plus de 200 kilomètres de canalisations.
Le chantier des zones d’aménagement concerté (ZAC) Dumbéa-sur-mer et Panda, piloté par la Secal, est gigantesque et complexe puisque, tranche après tranche, il faudra mener de front la viabilisation et la construction. C’est déjà le cas : la Sic et la Sem d’agglo bâtissent leurs immeubles au long de rues dont les trottoirs et le revêtement sont à peine esquissés.
Tout, évidemment, ne viendra pas en même temps. Le chantier Panda va durer jusqu’en 2017 pour Panda, et jusqu’en 2021 pour Dumbéa-sur-mer.
Au-delà des chiffres, l’ampleur du programme se mesure sur trois axes. D’abord celui de la mixité. Sur les 6 000 logements de Dumbéa-sur-mer, 3 000 seront « sociaux », soit en locatif, soit en accession à la propriété, et les 3 000 autres seront commercialisés au marché libre. Soit 50 % de « social », alors que la proportion obligatoire en Métropole, et rarement respectée, est de 20 %. En matière sociale, avec l’initiative politique forte ces dernières années, la Calédonie se distingue. Sous la pression des bailleurs sociaux, notamment de la Sic et de la Sem d’agglo, en quête de terrains à bâtir, ce sont les lots destinés au logement social qui ont été livrés les premiers. Les stocks 2010 et 2011 sont déjà épuisés. Du coup, la Secal met aujourd’hui l’accent sur la commercialisation des terrains privés. Il faut en effet rentrer de l’argent.
6 350 logements, 400 lots industriels et commerciaux, un hypermarché, six écoles, un collège…
C’est l’autre axe majeur : cette ville nouvelle doit s’autofinancer et ne coûtera rien ou presque à la collectivité en termes d’aménagements publics. La viabilisation de Panda coûtera 18,5 milliards ; celle de Dumbéa-sur-mer 37,5 milliards. Soit 56 milliards, compensés par les ventes des lots viabilisés aux opérateurs sociaux ou aux particuliers. Il est vrai que tous les terrains destinés au privé ne sont pas donnés : 12 à 15 millions pour six à sept ares, mais en hauteur, adossés à la forêt et avec vue sur mer. Il y a moins cher, plus cher aussi. Mais c’est cela qui permettra à la Secal de financer les équipements publics qui font partie du programme, notamment les six écoles et les bâtiments communaux. Cela aussi permettra, en vitesse de croisière, si les ventes suivent leur cours pour compenser les dépenses, de distribuer environ 5 milliards par an de travaux de viabilisation, pendant une dizaine d’années.
Enfin, la Secal insiste sur la troisième dimension de son projet, celle qui touche à la qualité de l’habitat et de l’environnement. À elles deux, Panda et Dumbéa-sur-mer accueilleront au moins 34 hectares d’espaces verts aménagés, sans compter la revégétalisation en forêt sèche de la plus grande partie du Pic aux morts. Les plants sont déjà en pépinière.
Tous les logements et tous les lots industriels seront raccordés à deux stations d’épuration, et le milieu marin fera l’objet d’un suivi pluriannuel pour mesurer l’impact de la ville nouvelle sur le milieu.
Cette « vigilance écologique », qui s’exerce dès le stade du chantier par l’installation de bassins de décantation des eaux de ruissellement, est au demeurant obligatoire depuis l’entrée en vigueur du nouveau code de l’environnement de la province Sud. « Il est exigeant, et nous nous y conformons », affirme la Secal.
Henri Lepot , LNC 02 juillet 2009
Le péage déplacé et trois échangeurs
Les six mille logements de Dumbéa-sur-mer représentent 20 à 25 000 habitants ayant besoin de se déplacer, sans compter le trafic industriel, artisanal et commercial engendré par la zone d’activité Panda. Pouvait-on raisonnablement tenir ce petit monde prisonnier d’une route payante ? Évidemment non. Le péage va donc déménager au pont de la Dumbéa. C’était acquis dans le projet recalé de la Savexpress, au début de l’année, et c’est à nouveau prévu dans le projet de Route Express Sud dont les appels à candidatures ont été relancés. À la louche, le déménagement du péage pourrait intervenir en 2011.
C’est donc sur une voie gratuite que les habitants de Dumbéa-sur-mer, Panda, mais aussi Brigitte (lotissement FSH) et même Koutio pourront s’engager via trois nouveaux échangeurs. Les travaux des deux premiers commenceront en juillet.
Centre commercial et Médipôle
Ils concerneront les accès de Panda, un peu avant le pont de la Dumbéa, et ceux de « La Vallée », au droit de la pointe à la Dorade. Le troisième échangeur, situé entre La Vallée et l’actuel péage, desservira plus particulièrement le centre commercial et le Médipôle, et sa réalisation, non encore programmée dans le temps, est subordonnée à l’avancée du projet hospitalier.
Enfin, à l’intérieur même de la ZAC, la voie de desserte principale (de l’actuel échangeur de Koutio à Panda, via une traversée souterraine de la Savexpress) sera une deux fois deux voies avec piste cyclable. Cette inhabituelle largeur s’explique par le fait que deux des voies automobiles ont été prévues pour un éventuel transport en commun en site propre.
En attendant, l’ancienne route provisoire desservant la pointe à la Dorade a été condamnée pour y permettre les travaux. Et ce sont les riverains de la rue Becquerel, à Koutio, qui subissent la totalité du trafic, y compris des camions qui bravent les interdits… La Secal a toutefois promis, pour y fluidifier le trafic aux heures de pointe, un aménagement du rond-point de la piscine.
Pas encore l’hôpital
Contrairement à ce que l’on pense souvent, le vaste chantier de Dumbéa ne concerne pas encore le Médipôle, dont le dossier n’est financièrement pas bouclé. Le nouveau gouvernement doit en effet prendre en compte un surcoût d’une dizaine de milliards qui viennent s’ajouter à un projet initial d’environ 37 milliards. Cette envolée est due pour partie à l’évolution du projet dans sa mise en forme technique, et à l’augmentation conjoncturelle des prix des matières premières. Elle est d’ailleurs en train de se réorienter à la baisse : en quelques mois, le surcoût s’est déjà réduit de deux milliards…
Dans ces conditions, le choix consiste à adapter le projet aux financements disponibles, donc à le réduire, ou bien à augmenter les financements pour les adapter à l’état actuel du projet, en identifiant de nouvelles sources financières, via l’emprunt ou une éventuelle augmentation de la taxe sur les tabacs et l alcool. C’est vers cette seconde solution que penche Philippe Dunoyer, en charge de la santé au gouvernement. Sur le dossier, il a déjà consulté la direction du CHT, les maîtres d’œuvre (Secal et Icad) et les praticiens hospitaliers. Il a présenté le dossier aux autres membres du gouvernement, en fera autant à la commission de la santé du Congrès, et doit voir cette semaine les syndicats des personnels.
Philippe Dunoyer espère aboutir dans les semaines à venir, et signer en août l’avant-projet définitif qui lancera la machine.
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