«Lever les deux drapeaux, ce n’est pas une nouveauté»
Ven 16 Juil 2010 |09:14 , Les Nouvelles-Calédoniennes
Satisfait de voir l’étendard kanak flotter à côté du drapeau de la République, le Palika modère l’enthousiasme, en pointant un « déjà-vu » dans le Nord.
En 1988, déjà
Évidemment, en tant que parti indépendantiste, le Palika n’a jamais contesté la proposition de lever les deux drapeaux, tricolore et kanak. Mais « quel est le sens donné à cet acte sur le plan constitutionnel et de l’esprit et de la lettre de l’accord de Nouméa ? » s’interroge Paul Néaoutyine, qui se souvient d’un moment fort, en 1988, avec le Premier ministre Michel Rocard, au stade de Poindimié, où flottaient les deux emblèmes. Et depuis, « on lève les deux drapeaux » dans le Nord. Bref, au regard de ce voeu tout juste adopté au Congrès, « lever les deux drapeaux, ce n’est pas une nouveauté en 2010 ». D’ailleurs, estce si « historique » de voter un texte « qui n’a aucune valeur juridique » ? Autre question. Le RUMP, l’UC, ou encore le Parti travailliste ont une réponse. Le Palika ou Calédonie ensemble ont aussi la leur, différente.
Reste une entière problématique : celle
concernant le signe identitaire. En clair, la Calédonie peut-elle
trouver un signe commun ? Le front indépendantiste a sa proposition,
depuis des années, pour l’étendard et le nom du pays. Mais
aujourd’hui, même évoluant à côté du rectangle
bleu-blanc-rouge, « le drapeau FLNKS n’est pas le signe
identitaire de la Nouvelle-Calédonie, puisqu’il n’y a pas de loi
du pays votée aux 3/5es ! »
Le magot du Nord
L’histoire est connue, la province Nord a les
caisses remplies. « On finit par croire ici que, quand on gère bien
une collectivité, quand on dégage un excédent, on est un mauvais
gestionnaire », sourit Paul Néaoutyine, l’ancien étudiant en
sciences économiques, précisant dans la foulée qu’en l’absence
de capacité fiscale entre les mains de l’institution, ces moyens
financiers sont bien utiles.
Quel est le montant de ce trésor ?
De cet excédent de fonctionnement capitalisé ? Vingt ou vingt-trois
milliards ? Ou plus exactement 22,4 milliards ? « Je ne dors pas sur
l’argent moi, Cela nous permet d’avoir une trésorerie, et de
préfinancer » des opérations.
Zizanie terrible au sein du Front
Les deux locomotives du FLNKS ne s’entendent plus.
Et le mot est faible. Illustration, mardi, lors de l’élection du
président du Congrès. Trois voix de l’UNI auraient hissé l’UC
Caroline Machoro au perchoir. Il n’en a rien été, le camp de Paul
Néaoutyine préférant s’abstenir. Autrement dit, ses positions ne
se retrouvent pas dans la ligne suivie par le groupe de Rock Wamytan.
Cassure.
Un instant du dernier Comité des signataires en porte
aussi les stigmates. « Moi qui ai assisté à tous les comités de
suivi des accords de Matignon-Oudinot et aux comités de signataires
de l’accord de Nouméa, c’est vraiment la première fois que
j’entends une délégation systématiquement s’aligner, y compris
jusqu’à revenir sur la clé de répartition. Enfin, à prétendre
revenir là-dessus ». Et cette délégation est composée de « gens
de chez nous », de la même famille politique. « Je trouve cela
lamentable », observe le porte-parole du Palika, estimant que, lors
de rencontres à Paris, « sur tous les points, les positionnements
que nous avons annoncés et défendus ont été actés ». Bref, «
nous (l’UNI-Palika) ne sommes pas isolés » sur l’échiquier.
Plus encore, une attitude de l’Union
calédonienne - sans la nommer - est dénoncée avec vigueur. «
Nous, une fois que l’on est élus, on fait ce que nous avons dit au
moment de la campagne (électorale des provinciales). On n’invente
pas de nouvelles positions, ou de nouvelles alliances, après coup. »
Un fossé s’est creusé lors du grand
rendez-vous dans la capitale. « L’autre délégation ne fait pas
référence à nos positions, à nous, en tant que signataires FLNKS
mais s’aligne, systématiquement, sur les propositions faites par
Pierre Frogier », patron loyaliste du Rassemblement. Malaise.
Et
la crispation est d’autant plus aiguë à la vue des derniers
événements en province Nord, institution dirigée par Paul
Néaoutyine.
Il y a peu, le Parti travailliste s’était abstenu dans l’hémicycle, alors que l’UC avait voté contre le budget supplémentaire 2010 et le compte administratif 2009. En outre, le mouvement de Charles Pidjot a initié une stratégie de conquête d’un maximum de présidences et de vice-présidences des commissions, pour les partager avec l’organisation de Louis Kotra Uregei. La leçon est claire, selon le président de l’institution : si des élus s’entendent afin de « nous débarquer, cela ne me pose strictement aucun problème ». Car le leader du parti indépendantiste et ses camarades siègent dans les institutions pour porter « un idéal ».
Y.M
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