Ces déchets qui polluent le Nord
Voh, Koné ou Pouembout, aucun des villages de la zone VKP ne peut se vanter de faire mieux que les autres en matière de gestion des déchets. L’incivisme des populations pollue les abords des routes tandis que les politiques laissent déborder les dépotoirs. Où va-t-on ? Vers un centre de tri ? Le projet est sur la table.
Un petit tour des villages
de la zone VKP, à la sortie du week-end, en dit long sur les habitudes de
certains... Papiers, canettes, cartons et pochons plastique se disputent
la vedette sur les bords de route de ces communes. « Dès qu’il y a un
petit coin d’ombre, il y a un amas de déchets. Les gens viennent manger à midi
et laissent tous leurs papiers », se plaint Max Kastavi, le chef de
la brigade nature de la province Nord.
À l’heure où l’on parle
d’inscription du lagon, de protection de l’environnement et de développement du
tourisme, comment peut-on admettre ces débordements ? Exemple : il y a une
dizaine de jours, un match de football entre Baco et Hienghène a attiré la
foule à Koné. Le lendemain, le village ressemblait à un dépotoir ! Les
propriétaires de magasin ramassent devant leur boutique, mais le ras-le-bol se
fait sentir.
Alors que faire ? « On
est complètement démunis. Dans le code de l’environnement de la province Nord,
il n’y a rien. Dans le code pénal, il existe deux types de contraventions, mais
on ne peut demander aux gendarmes d’être derrière chaque citoyen et de les
arrêter parce qu’ils jettent un papier », déplore le chef de la brigade
nature.
Le manque de civisme est
bien sûr en cause. Les collectivités pourraient sans doute faire de la
prévention, mais avec quels arguments ? Quand on voit les dépotoirs de chacune
de ces trois communes, avec la palme d’or pour Voh, où les déchets sont léchés
par la mangrove à deux pas du fameux Cœur, celles-ci sont mal placées pour
donner des leçons.
Néanmoins, développement
oblige, on commence sérieusement à se pencher sur le problème. À Koné, une
personne vient d’être employée pour nettoyer le village et ramasser tous les
petits déchets. « Elle s’occupera des trottoirs, des bancs et des
petits espaces publics. En parallèle, on a lancé un appel d’offres pour le
nettoyage des espaces verts et des bords de route », rassure Patrick
Robert, le secrétaire général de la mairie.
« Il n’est pas question que les usagers se retrouvent
avec quatre ou cinq poubelles, ils ne vont pas s’y retrouver. »
Et, surtout, le projet d’un
centre de tri des déchets à Kataviti, à Koné, vient de sortir des cartons. En
2007, la province Nord a commencé à réfléchir à sa politique de gestion. Un
centre d’enfouissement était prévu. Mais très vite on s’est aperçu que ça ne
répondait pas aux attentes en matière de protection de l’environnement. Alors,
l’idée de réaliser un centre de tri a pris forme. « On souhaite
recycler au maximum », prévient Lionel Guillemenot, directeur du
Sivom.
Le tri se ferait à la base.
Chaque habitant devra mettre dans une poubelle les déchets recyclables comme le
papier, le carton ou les boîtes de conserves, et dans une autre les déchets
sales. Le tri entre les déchets recyclables se fera ensuite au centre, où au
moins cinq personnes pourraient être employées. « Il n’est pas
question que les usagers se retrouvent avec quatre ou cinq poubelles, ils ne vont
pas s’y retrouver », assure Lionel Guillemenot.
Puis, les déchets devront
être valorisés. Le fer ou l’aluminium, après avoir été conditionnés, prendront
le chemin de l’export. « Pour les produits de moindre valeur,
l’exportation ne sera pas rentable. On pourra, par exemple pour le carton ou le
papier, les laisser fermenter puis les mélanger aux déchets verts. On obtiendra
ainsi du compost qui pourra servir aux pépiniéristes, aux agriculteurs ou à la
revégétalisation des massifs miniers », explique le directeur du
Sivom.
Les élus ont lancé récemment
une délégation de service public pour ce centre. Une concession sur quinze ans
sera accordée au porteur de projet qui investira lui-même dans le centre de
tri. Selon le Sivom, l’appel d’offres sera lancé dans les quinze jours.
Une lueur d’espoir pour
l’environnement si la population ne rejette pas l’idée du tri.
Marjorie Bernard
A découvrir aussi
- La route de l'espoir
- Emploi local : les recruteurs face à la nouvelle loi
- Le débat sur l’école rend sa copie
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 209 autres membres