Connexion à haut débat
Lun 07 Mar 2011 |09:43, Les Nouvelles Calédoniennes.
Avec le déploiement par l’OPT d’une infrastructure plus performante, la Calédonie entre de plain-pied dans le haut débit. L’Office affiche la volonté de proposer une connexion plus confortable car plus rapide. Une évolution qui suscite de nombreuses réactions.
Plus rapide et avec plus de contenu, c’est le futur visage du Web calédonien, avec l’arrivée de la connexion à 8 Mo. « Nous avons souhaité donner les moyens de créer, d’innover, de produire du contenu local et d’impulser une dynamique sur l’Internet calédonien », confirme Jean-François Gatimel, responsable du service communication de l’OPT.
«L’OPT doit baisser son prix de vente de la bande passante.»
« Jusqu’à 2 Mo, on ne notait pas de différence substantielle. Avec du 8 Mo, les utilisateurs vont voir la différence », explique Philippe Machu, directeur de Lagoon. En matière de rapidité, il n’y a pas photo : les temps de navigation, de téléchargement ou de lecture de programmes télé en streaming seront, en moyenne, divisés par dix.
Offres. Sur le plan des abonnements, Lagoon, filiale de l’OPT, a planché sur une offre qui sera commercialisée en dessous de 10 000 francs, OPT inclus. « Il nous a semblé que c’était le prix psychologique », ajoute Philippe Machu. Un « prix psychologique » qui semble hors d’atteinte pour les autres fournisseurs d’accès qui déplorent le prix élevé de la bande passante vendue par l’OPT. « Si l’internaute veut s’abonner en 8 Mo, ça va lui coûter 45 000 francs au minimum », prévient Jean-Paul Fandoux, d’Internet NC. Un ordre de grandeur que l’on retrouve dans les estimations de Can’l, de Nautile et, dans une moindre mesure, de MLS qui envisage un abonnement « aux alentours de 35 000 francs HT, hors OPT ». Des prix qui, s’ils devaient en rester là, ont toutes les « chances » de dissuader les internautes de passer au 8 Mo… àmoins de le faire avec Lagoon.
Baisse. La solution ? « L’OPT doit baisser son prix de vente de la bande passante », explique Nicolas Salvador, de Can’l. Un prix qui devrait être divisé « par deux ou par trois si on veut faire du 8 Mo », selon Internet NC.
Pour Benjamin Bonnet, directeur du projet Evolution de l’accès haut débit à l’OPT, la problématique ne se pose pas en ces termes : « Ce n’est pas parce que l’on multiplie le débit par quatre que l’internaute utilisera quatre fois plus de bande passante. » Benjamin Bonnet en veut pour preuve les observations effectuées lors de la phase de test : « Sur les 5 000 clients (NDLR, passés de 2 à 8 Mo) de Koumac, de Tina et du Receiving, nous avons constaté une augmentation de 10 % du trafic. »
Technologie. Autre source d’inquiétude pour les FAI, le choix technologique effectué par l’OPT. Une connexion (unicast) adaptée à l’utilisation actuelle d’Internet mais pas vraiment à la diffusion de contenus, notamment multimédias, ce qu’entend justement promouvoir l’OPT. Benjamin Bonnet reconnaît que « le chantier à ouvrir est celui du multicast », plus fluide et moins gourmand en ressources, mais que la « plus grande difficulté » est de définir un projet commun avec les cinq FAI locaux. A la veille d’une évolution sans précédent pour le Web calédonien, il apparaît utile de replacer l’internaute au coeur du débat. Au risque de passer à côté du véritable enjeu : une meilleure connexion et du contenu de qualité.
Le chiffre
2
Selon Jean-Luc Vudinat (MLS) « l’internaute paie deux fois la TSS ». Une première fois lors de la vente de la bande passante par l’OPT au fournisseur d’accès, et une seconde fois avec l’abonnement. Quant à Julien Algayres (Nautile), il suggère à l’OPT de laisser aux FAI « la possibilité d’acheter directement la bande passante auprès du prestataire de son choix, en Australie ».
Repère
« Un problème quelque part »
Sites web inaccessibles, connexion poussive, flux saccadés, les internautes calédoniens sont au bord de la crise de nerfs depuis quelques semaines. Une situation dont le point d’orgue a été la diffusion très inégale de l’élection du nouveau gouvernement, jeudi, via le site du Congrès.
Renseignement pris auprès de l’OPT, l’hypothèse avancée est celle d’un « changement de comportement humain » avec la rentrée scolaire et l’augmentation de l’activité qu’elle génère. Cependant, comme l’indique Jean-François Gatimel, « il n’est pas exclu qu’il y ait un problème quelque part », précisant que l’OPT a demandé des informations à son prestataire en Australie.
Questions à…Benjamin Bonnet, directeur de projet
« Cinq mois pour le 8 Mo »
- Les Nouvelles calédoniennes : Où en est-on des offres 8 Mo ?
Benjamin Bonnet : La phase pilote a commencé le 1er décembre. Nous avons choisi trois zones de test : Koumac, Tina et le Receiving. Comme ça fonctionnait bien, nous avons passé tous les clients de ces zones, soit 5 000 internautes, en 8 Mo. Depuis début mars, nous avons entamé un déploiement sur le reste du pays. Nous avons prévu de couvrir 38 % des clients d’ici fin mars, 55 % d’ici fin avril et 96 % pour la fin juillet. Il restera quelques sites marginaux, que l’on pourra peut-être intégrer au planning initial.
- Comment savoir si une ligne est éligible à une connexion 8 Mo ?
Les fournisseurs d’accès peuvent renseigner le client. Du côté de l’OPT, nous allons développer une application qui permettra aux utilisateurs de savoir s’ils peuvent prétendre à une connexion 4, 6 ou 8 Mo. Nous estimons à 72 % le nombre d’abonnés ADSL éligibles à une offre 8 Mo à la fin du déploiement.
- Combien de temps prendra le déploiement ?
Il faut compter quatre à cinq mois pour déployer l’infrastructure 8 Mo dans sa totalité.
A découvrir aussi
- Il faut s’assurer du lien entre formations techniques et emploi»
- «Il faut trouver une solution définitive»
- Continuité territoriale
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 209 autres membres