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L’Ordre et la morale diffusé

Publié le mercredi 26 octobre 2011 à 03H00

 

L’Ordre et la morale sera diffusé dans le pays, c’est désormais une certitude. Six jours après la décision du Cinécity de ne pas programmer le film de Mathieu Kassovitz, les propositions se multiplient pour le diffuser. Reste à savoir où, quand et à quelles conditions.

Jour après jour, il devient évident que le film sur les événements d’Ouvéa sera diffusé dans le pays. « La production est revenue vers nous mais notre position n’a pas évolué, ce n’est pas notre rôle légitime de diffuser ce film », a expliqué hier Douglas Hickson, le propriétaire et directeur du Cinécity, qui confirme que les discussions entre la production Nord-Ouest Films et la direction du cinéma sont closes. « Nous ne bloquons rien, a ajouté Douglas Hickson, et nous n’avons pas les droits. »
Qui, alors, pour projeter L’Ordre et la morale aux Calédoniens ? Pas le centre Tjibaou qui rappelle, par l’intermédiaire de Laurence Esquedin, responsable de la communication, que l’Agence de développement de la culture kanak (ADCK) « ne se positionne pas en tant que diffuseur ».

Candidats. Depuis hier, les candidats à la projection du film de Mathieu Kassovitz se multiplient. Corinne Voisin, la maire de La Foa, a confirmé que la salle de cinéma du village « est disponible. Je n’ai pas pris de contact avec la production, a indiqué l’élue, mais nous sommes prêts à accueillir le film. » Une volonté également exprimée à Bourail où Jean-Pierre Aïfa, le maire de la commune, et Cathy Maurin, la présidente du Centre d’actions culturelles de Bourail (CACB) ont adressé une lettre au centre Tjibaou lundi pour diffuser le film sur l’écran du village. « L’ADCK ne peut nous fournir le film, a corrigé Cathy Maurin. Je vais me rapprocher de la production pour l’avoir le plus vite possible. Après la projection, les spectateurs pourront se retrouver pour discuter et échanger autour du film. »
Actuellement à Poindimié, au Festival international du cinéma des peuples, Ludovic Courtois de Ciné-Brousse, a également confirmé son intérêt. « Je me démène depuis seize ans pour développer le cinéma en Calédonie et rassembler les gens autour d’un film, d’une émotion, rappelle l’exploitant itinérant. Pour L’Ordre et la morale, de nombreux centres culturels, des institutions mais aussi des écoles m’ont contacté. Il y aura du monde et sans polémique », affirme Ludovic Courtois, confiant. « Tout va dépendre de la production et des prix », nuance Cathy Maurin, du CACB.

Droits. A combien s’élèvent les droits d’exploitation pour un film comme L’Ordre et la morale et qui est en mesure de les payer ? Personne ne sait vraiment ou ne souhaite avancer un chiffre, car la négociation est en cours. « C’est un nombre à sept chiffres, en francs CFP », lâche un exploitant. « Dans les 6 000 euros » (1), précise une autre source.
Même si le montant des droits d’exploitation ne semble pas exorbitant, les exploitants devront reverser un pourcentage sur les entrées et donc s’assurer de la viabilité économique de l’opération. « Je suis certain que nous remplirons plusieurs fois la salle », affirme le maire de Bourail. Si la diffusion de L’Ordre et la morale empruntera sans doute des chemins détournés, sa diffusion ne fait plus aucun doute aujourd’hui.

(1) 720 000 francs CFP.

 

Questions à... Christophe Rossignon, producteur de L’Ordre et la morale

« Nous avons des solutions de repli »


Les Nouvelles calédoniennes : L’Ordre et la morale sortira en Métropole le 16 novembre. Avec une avant-première possible mi-décembre en Nouvelle-Calédonie, est-ce que cela signifie qu’il n’y a pas d’espoir de sortie rapide sur le territoire ?
Christophe Rossignon :
L’avant-première, en présence du producteur et du réalisateur, et la diffusion du film dans des salles commerciales ne sont pas liées. Le centre culturel Tjibaou a trouvé une date mi-décembre. Pour le reste, nous discutons avec le propriétaire des salles. Une grande réunion avec les institutions va être organisée cette semaine pour trouver une solution. Le film peut très bien sortir avant l’avant-première.

Philippe Legorjus sera-t-il présent à cette avant-première ?
Ce n’est pas prévu. Mais Iabe Lapacas, qui joue le rôle d’Alphonse Dianou, sera là.

Avez-vous d’autres solutions pour projeter le film ?
Oui, en parallèle à ces discussions, nous étudions une possibilité d’exploitation par le centre Tjibaou. Evidemment, ce ne serait pas trois séances par jour. Une autre solution de repli passe par Ciné-Brousse, un exploitant qui fait du cinéma ambulant. Philippe Gomès a également proposé de diffuser le film à La Foa.

Les politiques calédoniens ont-ils vu le film ?
Oui. Lors du dernier Comité des signataires, nous les avons conviés à une projection. Le seul à avoir refusé de venir, c’est Pierre Frogier. A l’issue du film, Roch Wamytan a dit qu’il s’était trompé, que le film était très bien et utile.

Vous attendiez-vous à une annulation juste avant la sortie du film ?
Non, car l’exploitant avait vu le film. Il avait été très positif et nous avait dit qu’il le diffuserait dans ses salles.

Propos recueillis par David Martin (Agence de presse GHM)

 

Repères

Régression culturelle
Michel Rocard, dont le gouvernement est à l’origine des accords de Matignon, en 1988, s’est exprimé sur le refus du Cinécity de diffuser L’Ordre et la morale. « Je regrette profondément cette décision, a indiqué l’ancien Premier ministre. J’ai vu ce film. Il dit l’histoire et il la dit très correctement. Il est vrai que ce message est douloureux, mais il est vrai aussi qu’aucun peuple ayant été tragiquement divisé ne peut travailler à sa propre réconciliation sans assumer son histoire, et donc la connaître. » Michel Rocard a poursuivi en évoquant l’Afrique du Sud, qui « a su donner de cette conduite un exemple ». « Même en France il nous a fallu travailler sur Vichy, mieux connaître pour mieux comprendre », a rappelé l’ancien Premier ministre, pour qui « la société Hickson a choisi la régression culturelle ».

Diffusion
« A l’heure actuelle, personne ne m’a contacté pour programmer la diffusion du film », a indiqué Manuel Touraille, le directeur du Rex, qui précise que « le Rex est plus un lieu de production et de diffusion locale et d’art et d’essai, il n’a pas vocation à diffuser un film qui sort dans le circuit commercial, nous ne sommes pas un cinéma. »

Paramètres techniques
Au-delà des problématiques de droits d’exploitation et de volonté de diffuser L’Ordre et la morale, un certain nombre d’impératifs techniques se posent aux exploitants. « Techniquement, il faut être équipé », explique un professionnel du cinéma. Le centre Tjibaou confirme que les paramètres techniques de diffusion sont impressionnants. Après avoir fait l’acquisition d’un lecteur Blue Ray, le centre culturel a finalement loué un projecteur qui convenait à la production. Une installation qui sera mise à contribution lors des séances pour l’instant repoussées.


Tomislav Govekar




25/10/2011
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