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Un ovni solaire en escale


Le catamaran Tûranor PlanetSolar, qui ne fonctionne qu’à l’énergie solaire, est arrivé hier à Nouméa. Parti de Monaco le 27 septembre 2010, il devrait regagner son port d’attache en avril 2012, histoire de démontrer l’efficacité des énergies renouvelables.

Le Tûranor PlanetSolar n’a pas choisi le meilleur jour pour arriver dans nos eaux. Le soleil n’était pas de la partie hier, caché par une importante couche nuageuse. Certains ne se sont d’ailleurs pas privés d’en rire : « Il n’aura jamais assez d’énergie. Il va rester en rade… » Mais le superbe catamaran qui ne fonctionne qu’à l’énergie solaire a fait mentir toutes ces mauvaises langues. Il est arrivé tel un gigantesque insecte à l’heure annoncée.

Technologie. Et c’est avec un sourire radieux que Raphaël Domjan, le concepteur du projet, a conduit la visite du prototype. 100 tonnes, 30 mètres de long, 15 mètres de large, 540 mètres carrés de panneaux solaires… On pourrait aligner bien des chiffres pour parler de ce bateau qui a entamé son tour du monde à Monaco le 27 septembre de l’année dernière. « Depuis Tonga nous venons de faire 2000 km qui se sont bien passés malgré une petite dépression au milieu, a expliqué le jeune homme. Nous avons déjà fait la moitié du tour du monde, 30 000 km, et uniquement grâce à l’énergie solaire. » Les quatre marins du Tûranor naviguent dans des conditions plutôt confortables. Grand carré, belles cabines individuelles, petite cuisine. Rien de luxueux mais de toute façon le but n’est pas là. « C’est un projet pour démontrer qu’on a une source d’énergie qui est le soleil, la technologie et les connaissances. Il faut montrer qu’on peut changer tout en préservant la planète ». Voilà qui est clair. Et les acteurs de ce challenge en espèrent des retombées : « On essaie de donner l’impulsion aux hommes politiques et aux industriels, de leur montrer la voie du changement. C’est une opportunité qu’il faut saisir aujourd’hui. »

La puissance d’un scooter pour faire avancer un bateau pareil.

Pionniers. La démonstration est déjà probante. Malgré ses 100 tonnes, le Tûranor n’a besoin que de très peu d’énergie pour se déplacer. « Avec 20 kilowatts c’est-à-dire 35 chevaux, on avance à 5 nœuds. C’est la puissance d’un scooter pour faire avancer un bateau pareil », s’enorgueillit son concepteur. Toute la journée, le bateau emmagasine l’énergie qu’il va utiliser et stocker dans ses batteries. En vitesse commerciale, s’il ne navigue que la journée, il peut atteindre 8 à 9 nœuds. « Mais là, comme on navigue tout le temps, on joue la sécurité, explique le capitaine Patrick Marchesseau. Nos batteries servent plutôt à lisser notre consommation et donc notre vitesse. Aujourd’hui, on a puisé parce qu’on savait qu’on pouvait se le permettre mais, en général, on essaie d’arriver en fin de journée avec les batteries pleines. Nous sommes des pionniers ; nous devons découvrir de nouvelles règles de navigation. » Ce qui impose une contrainte : être sûr de la météo. « Et elle n’est pas toujours aussi précise en fonction de l’endroit où vous êtes », constate le capitaine. (lire en encadré).
Le catamaran reprendra sa route le 17 mai en direction de l’Australie. Il continuera ensuite vers la Chine, Singapour, l’Inde, les Emirats, le canal de Suez et Monaco qui devrait être en vue en avril 2012. L’équipage est confiant : « Bien sûr, on n’est jamais à l’abri d’un conteneur ou d’une tempête mais nous avons déjà navigué dans des conditions assez difficiles. Nous avons une bonne maîtrise de notre technologie. »
Une fois le tour du monde achevé, l’équipe espère « trouver un partenaire pour exploiter ce bateau. Ce sera peut-être pour faire de la plongée, peut-être pour transporter des passagers sur une journée. On verra. » Mais le plus important, c’est que la démonstration du potentiel et de l’efficacité des énergies renouvelables sera faite.

Patricia Calonne et Sylvain Amiotte


 

La route du soleil

Météo France a développé pour ce projet des cartes d’ensoleillement. Les données transmises par internet permettent d’« alimenter » le logiciel de routage solaire et de modélisation énergétique spécifiquement développé pour l’occasion par la société française Adrena et utilisé à bord par ces navigateurs d’un nouveau genre. Le but est d’optimiser la meilleure trajectoire possible et la vitesse du bateau, de nuit comme de jour, en fonction de l’apport prévu en énergie photovoltaïque. Les nombreux paramètres à prendre en compte incluent bien sûr la force du vent et des courants marins. Mais pour le bateau dont l’unique carburant est l’énergie solaire, l’ensoleillement et la température extérieure qui influe sur le rendement des cellules photovoltaïques, sont les facteurs prioritaires. Chaque jour, des cartes d’ensoleillement avec des gradians de couleurs sont donc téléchargées ce qui permet aux navigateurs de tracer leur route au plus près du soleil.

 


12/05/2011
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